Le désert m’a bluffée.

J’y suis allée. Non pas parce que c’est à la mode, mais parce que l’on me l’a proposé. Alors j’ai dit oui. Je trouvais dommage de refuser.

Je n’en attendais rien.

Si ce n’est de passer un bon moment avec mes élèves, de faire un bon séminaire. Après tout, ce devait être agréable d’y faire du Qi Gong.

 

Je savais, ou plutôt, je croyais savoir, que dans le désert, il n’y a rien : le ciel, le sable, les dunes.

J’avais tort de savoir.

 

En réalité, dans le désert, il y a bien plus que le sable, il y a bien plus que le ciel, il y a tout. Tout est là, contenu dans cette absence, qui est en réalité une présence. Tout est là, en dehors et en dedans de vous.

Vous êtes simplement posé sur vos deux pieds. Autour de vous ….. presque rien : le ciel, le sable, les dunes. Presque rien, mais ….. l’immensité de la vie.

Et cette présence immense fait que notre être n’arrive plus à rester contenu dans les limites de sa peau. Dans ce « petit Moi » posé là, au milieu de cet immense rien. Alors lui aussi il grandit, il s’expanse, il prend sa dimension réelle, il devient tout.

 

Après ….. les bras s’ouvrent, c’est ce que le corps a de plus grand. La tête se renverse comme pour témoigner au ciel et un rire sort, un rire immense, gigantesque, un rire sans limites qui se répand dans un espace sans limites et qui seul peut exprimer ce bonheur-là.

C’est un bonheur inouï, tellement fort, tellement grand et à la fois tellement serein de ressentir cette dimension de la vie.

L’être humain n’est pas ce qu’il croit être, il n’est pas contenu à l’intérieur de sa petite peau. Son espace ne mesure pas quelques centimètres cubes.

L’être humain est vaste comme l’univers, il contient tout. Et à cette échelle-là, « le petit Moi » se réduit jusqu’à se dissoudre dans l’infinitude.

 

Alors il ne reste plus qu’une immense sensation d’ouverture que l’on peut nommer Amour, mais parce que l’on a pas d’autres mots.

Seulement, cet amour là ne vient pas du cœur, il ne vient pas du corps, il est partout, dans chaque atome du soleil, dans chaque grain de sable du désert, dans chaque molécule de l’air, dans chaque cellule de notre corps, dans chaque élément de l’espace infini qui nous compose et qui compose la vie. Il est le vide qui les relie et qui les fait danser. Il est la Vie elle-même.

 

Je ne riais plus. Je sentais des larmes couler sur mes joues. C’était des larmes de bonheur et de gratitude.

Devant moi, le soleil disparaissait derrière une dune. J’étais le soleil, j’étais la dune, j’étais le désert ….. et j’étais là, assise sur le sable, remplie de reconnaissance pour cette Vie qui à chaque instant se répand partout et nous nourrit sans que nous n’en sachions jamais rien.

 

Texte écrit au retour du désert en Janvier 2000.
Dominique Banizette.

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